Fêtes du baptême et publicité des réseaux sociaux. Grandes tendances de la fin du Moyen-âge au XXe siècle

Les festivités du baptême ont connu une histoire complexe. Largement intégrées dans la pratique religieuse normale au cours du Moyen Age, elles manifestaient publiquement et bien au-delà du cercle de la parenté, avec des variantes sociales extrêmes, les réseaux sociaux créés à l’occasion du rite religieux ou déjà existants. Ce faisant, elles rendaient effectives et efficaces (pour les parties mais aussi vis-à-vis des tiers) les relations qui venaient d’être formalisées. Comme bien d’autres manifestations de cette interpénétration du religieux et du social dans le christianisme médiéval, les festivités du baptême (repas de baptême, dons entre compères et invités, etc.) ont subi une ample offensive de la fin du Moyen-Age au XIXe siècle, en particulier dans le cadre des Réformes catholique et protestante, dont l’esprit en la matière était similaire. Ayant survécu à cette offensive avec une relative facilité, elles ont ressurgie de manière forte au XIXe siècle, avec l’amenuisement du contrôle religieux sur la vie sociale et politique, et l’avènement de la bourgeoisie avide de cérémonies familiales, mais selon une logique à la fois proche et différente. Epousant le mouvement bien connu de retrait dans l’entre-soi amorcé par les élites sociales, les festivités de baptême, à l’époque contemporaine, ont en effet perdu la dimension communautaire qui les caractérisaient au Moyen Age. L’affichage des réseaux sociaux s’est recentré sur un cercle plus étroit où prédominent parenté et intimes.